Ami
Barak

Melik Ohanian / Stuttering

CRAC, Sète juillet-septembre 2014

Melik Ohanian, Word(s), série II, 2014

Rassemblées sous le titre de Stuttering, l’ensemble des œuvres qui composent la proposition de Melik Ohanian pour le Centre d’Art de Sète, est à appréhender comme un agencement plutôt qu’une expositon. Un agencement d’expériences, d’intuitions, qui baliserait comme un ensemble de points — ou de parcelles, une géographie — une figure, celle de la mémoire ou des mémoires de l’artiste — un jeu de mémoires plutôt qu’une rétrospective*.

Ensemble d’expérimentations ou de tentatives, les explorations de l’artiste nous conduisent dans un monde fait de science, de politique, de réalités historiques, ou d’imaginaires collectifs, qui par des jeux de transpositions, d’espaces ou de temporalités, seraient autant de pistes possibles pour questionner ou évaluer notre rapport au monde.

Des dispositifs vibratoires entre-eux ou sur eux-mêmes ; l’espace ou les temporal­ités entre les œuvres semblerait ici aussi important que les œuvres elles-mêmes. Par une poétique combinant intentions et regards, entre voir et montrer il ne s’agirait pas de trancher mais plutôt de laisser co-exister pour que se produisent les choses.

Comme souvent dans les propositions de Melik Ohanian – Datcha Project (since 2005), Let’s Turn or Turn Around (2006), From The Voice To The Hand (2008), Display None (2011), Points d’Intentions (2012), il s’agit d’appréhender en premier lieu, un espace ou une temporalité mais souvent les deux. Invité à pratiquer, à parcourir, ou à habiter ces ensembles, le visiteur devra chercher et savoir renouveler une position parfois tangible, jusqu’à la limite du visible et de l’audible.

* Et comme le suggère l’œuvre TI(M)ES, clé de cet agencement, la mémoire : comme des liens qu’entretiendrait le temps avec lui-même ou sur lui-même.

Le CRAC Languedoc-Roussillon consacre sa grande exposition d’été à l’artiste Melik Ohanian. Intitulée Stuttering*, cette exposition déploie, dans l’intégralité des espaces, une série de nouvelles productions mises en relation avec des œuvres existantes. Elle est à appréhender comme un agencement d’expériences, d’intuitions et répertorierait dans un même temps un ensemble de parcelles, une géographie, parfois mutique parfois animée, de la mémoire ou des mémoires de l’artiste tel un jeu de réminiscences. Melik Ohanian nous conduit ainsi dans un monde régi par la science, le politique, par des réalités historiques, ou par l’imaginaire collectif, qui à travers des dispositifs vibratoires entre eux et sur eux-mêmes, seraient autant de pistes pour questionner ou évaluer notre rapport au monde.
L’espace ou les temporalités entre les œuvres, sont pour l’artiste des engrenages spiralés aussi importants que les œuvres elles-mêmes. Par une poétique combi­nant intentions et regards, entre voir et montrer il ne s’agit pas de trancher mais plutôt de faire coexister pour que des affects surgissent.

Melik Ohanian est né en 1969 et vit entre Paris et New York. Il fait partie d’une génération d’artistes qui instaurent leur pensée à travers multiples médias. C’est surtout autour du statut de l’image et du concept de temps que ses démarches déploient une riche panoplie d’objets visuels. Les sciences et la philosophie sont là en toile de fond pour aiguiser ses recherches et ses centres d’intérêt. Il a partic­ipé à de grandes manifestations internationales et exposé dans de nombreuses institutions prestigieuses, il est représenté par la Galerie Chantal Crousel Paris.

Exposé par le FRAC Languedoc-Roussillon à ses débuts, il a été remarqué par Ami Barak qui est aujourd’hui invité par le CRAC à s’associer au commissariat du projet Stuttering et à sa diffusion.

Noëlle Tissier & Ami Barak

Le projet Stuttering est rendu possible grâce au soutien de la Galerie Chantal Crousel.

* En anglais : parler avec répétition involontaire de sons. C’est dans un esprit deleuzien que l’artiste a choisi ce titre « Ce n’est pas une structure signifiante, ni une organisation réfléchie, ni une inspira­tion spontanée ni une orchestration, ni une petite musique. C’est un agencement, un agencement d’énonciations ».