Ami
Barak

Yuan Yuan / Steam Rooms

Galerie Jean-Gabriel Mitterrand, Paris juin-juillet 2011

Yuan Yuan, Steam Room III, 2010

La Galerie JGM accueille la première exposition personnelle de Yuan Yuan, peintre chinois de la nouvelle génération qui fait ainsi ses débuts sur la scène internationale. Né à Hangzhou, il vit et travaille toujours dans cette ville réputée pour son Académie d'art où il a été formé dans le département peinture. Depuis la fin de ses études en 2008 il participe régulièrement à des expositions de groupe partout en Chine. Il a été même adoubé par un groupe d'artistes mené par MadeIn (Xu Zhen) qui lui a organisé deux expositions personnelles à Shanghai et s'est fait ainsi connaitre en peu de temps pour ses indéniables qualités de peintre. Lors d'un récent voyage en Chine, Jean-Gabriel Mitterrand et moi-même nous avons remarqué dans une exposition de groupe deux œuvres de cet artiste qui nous était inconnu, et nous avons été saisis par la puissance rétinienne de ses tableaux ainsi que par la manière dont il aborde ses sujets. Renseignements pris, suivis d'une rencontre avec l'artiste et avec ceux qui le soutenaient (la Shopping Gallery de Shanghai, un espace autogèré et animé par Alexia Dehaene) la JGM galerie a décidé d'inviter l'artiste et de l'exposer à Paris. Ce qui se remarque d'emblée est la façon dont l'artiste met à profit une technique bien tempérée et la manière dont il traite les surfaces et la matière de ses toiles. Ceux-ci invoquent non seulement son expérience subjective, mais surtout un intérêt constant et à chaque fois renouvelé, pour les images que les rapides bouleversements de son grand pays fournissent sans répit. Ceci reste mâtiné d'une marge appréciable d'attirance et d'attitude critique. Les intérieurs kitsch et factices de ses compatriotes, enrichis instantanément et qui n'ont comme modèle qu'un Hollywood de pacotille, sont déclinés comme un exorcisme. Ils conservent en même temps un côté suranné, comme des reliques d'une tradition qui n'est plus la leur mais dont l'horizon culturel reste d'origine. Les piscines en mosaïque ont elles aussi une présence matérielle et esthétique forte, elles se révèlent comme des objets quasi abstraits et pointillistes, questionnant en continu tant cette histoire au présent que le fantasme des voisins. Les paysages sont quant à eux des scènes d'errance saisis sous une lumière iridescente, une nature dense et rêvée dont la magie est comme habillée d'un halo photographique.

Yuan Yuan fait ses premiers pas hors de son pays et tient à montrer qu'il fait partie de cette nouvelle génération d'artistes contemporains, animés par la volonté d’être perçus comme des interprètes emblématiques de la transition économique et sociale de la Chine, pour le meilleur et pour le pire. Ses toiles entrainent les spectateurs à percevoir que les changements dans le contexte créent des transmutations de sens. Il offre dans cette exposition parisienne un aperçu saisissant de ses recherches sur l'impact de la peinture et la quête du sujet. Ses obsessions picturales et leurs transcriptions inspirées témoignent de son grand talent.

Ami Barak