Ami
Barak

Traian Cherecheș Creative Destruction* - An escape room
curateurs Ami Barak et Bogdan Ghiu

Cazarma U - Strada General Eremia Grigorescu Timișoara Romania - Opening 07/09 - Ending party 27/09 1 septembre-1 octobre 2023

Vortex - T.Cherecheș, 2022, (220x160cm) - Mixed Media

Traian Cherecheș est l'un des jeunes artistes roumains qui, ces dernières années, a considérablement progressé dans sa carrière professionnelle. Il s'est investi corps et âme dans sa création et les résultats sont convaincants. En tant que curateurs, nos chemins se sont croisés dans des projets récents et le constat unanime est celui d'une réelle maturation et ceci nous amène à ce projet d'exposition dans le cadre de Timisoara Capitale européenne de la culture. Il fait partie de ces artistes émergents qui méritent une telle promotion. Traian Chereches aborde la peinture, la sculpture, le dessin et le son en utilisant un cadre narratif et iconographique qui capture les forces qui animent les matériaux organiques et inorganiques, entre création et destruction, contraction et expansion, métamorphose et transmutation et leur potentiel de renouvellement. Ses œuvres recyclent des objets par addition ou division pour mettre en évidence le devenir matériel. Son approche évoque souvent l'espace intermédiaire, à la fois symbolique et physique. À travers son travail, il explore les obsessions contemporaines et les changements de paradigme, d'où le titre que nous avons choisi pour ce projet.
*Le concept de destruction créatrice est un processus par lequel de nouvelles innovations rendent les technologies et les activités existantes constamment obsolètes. Il a été théorisé par l'économiste Joseph Schumpeter et nous semble cohérent avec l'approche générique de l'artiste CQFD.

Les multiples changements de l'environnement naturel, industriel et urbain d'aujourd'hui sont les sujets de sa démarche artistique et la plasticité naturelle de la matière est au cœur de sa pratique. Se référant directement à l'idée de déchets accumulés, qui représente l'état actuel de notre société et de notre monde pollués et consommateurs, l'artiste explore ce cycle spécifique, proposant l'idée même de l'art comme transmutation des déchets en ressources. Par l'utilisation du son, il souhaite réintroduire la dimension de la temporalité et des rythmes profonds dans ses œuvres, considérant le son comme un stimulus extérieur au domaine visuel, mais agissant de manière convergente avec lui. Il aborde cette question d'un point de vue chamanique et rituel et crée des rythmes qui intègrent et enregistrent sa propre respiration, tout en créant des chants cérémoniels et de la musique expérimentale. Tous les matériaux organiques/inorganiques qu'il utilise sont recouverts et unifiés par une peau synthétique, qui crée une individualité spécifique, transitoire et relançant le processus d'évolution. Les œuvres prennent la forme d'objets hybrides, de méta-structures qui font écho à d'autres médias, l'une des spécificités du mode opératoire du jeune artiste étant précisément le passage permanent, en spirale, souvent vertigineux, d'un moyen d'expression et d'expérimentation à un autre. Ses œuvres, vestiges d'un univers pollué et sale que l'on peut sauver par une transmutation immanente, évoquent l'"espace négatif" adornien. Comme d'autres artistes de cette génération, il se préoccupe de ce qui se passe dans le monde. Utilisant des composants organiques et inorganiques, des sons analogiques et numériques, il transforme la matérialité picturale en assemblages sculpturaux qui intègrent parfois des sons chamaniques, mettant l'accent sur les aspects symboliques et corporels des objets. 
Naviguant entre l'esprit et le paysage, entre le chaos et l'ordre, ces œuvres explorent la mémoire du déversement et de la pollution tout en développant leur potentiel de transformation. Comme tout artiste engagé, il donne une finalité au monde créatif en créant des mythes pour comprendre qui nous sommes et qui nous devons être. Il est clair que dans tout projet concerné par la durabilité, l'imagination et l'identification doivent être utilisées par des moyens esthétiques et culturels pour assigner un rôle significatif par rapport aux objectifs de l'écologie cognitive, un déplacement et une réarticulation simultanés de l'environnement. Ces immersions dans le tas de matériaux démembrés sont aussi le signe d'un érotisme qui, par la violence, conditionne l'expérience sensuelle. Et par ses composantes plastiques mêmes, au-delà du plaisir ludique, elle affirme le plaisir transgressif des manipulations de toutes sortes. L'escape room dans le titre du projet décrit l'espace occupé et délimité par l'artiste comme un terrain de jeu et d'expérience commune, et donc comme une figuration de la place et de l'espace de l'art dans le monde contemporain à travers un lieu préoccupé et intelligent, de restaurer l'unité entre socialité, matière et esprit, et donc de retrouver la spiritualité de la matière elle-même à travers sa prise en charge par le " collectif humain " (comme l'appelle Bruno Latour).

logos/1688133462-nuclear-cave-ii-before-the-not-yet-living-

Nuclear Cave II (Before the not yet Living) - T.Cherecheș, 2022, (60x50cm) - Mixed Media on canvas