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Une exposition de Decebal Scriba

Mai-juin 2018

Decebal Scriba, Head in the box, 1976

Au début des années 1970 à Bucarest, Decebal Scriba était l’une des personnalités les plus marquantes et les plus avant-gardistes. Ses expériences font aujourd'hui partie intégrante de la tradition avant-gardiste de ce moment clé de l'histoire de l'art de l'après-guerre. Au cours de cette décennie, Decebal est l’auteur d’un travail cohérent et élaboré, axé sur une approche conceptuelle et performative, qui aborde les questions du langage formel et textuel, l’analyse du système de représentation spatiale, les gestes et les formes symboliques et la performance qui constituait un genre. Convenant au contexte souterrain de l’Europe de l’Est, le souvenir de tous ces gestes et actions était en effet exalté et dissous dans les nuages. La malchance provoqua un durcissement du régime et un environnement strict et dogmatique mit fin à toute réalisation artistique et à toute indépendance. Ce n’est que récemment que l’artiste a commencé à créer une atmosphère en adéquation avec le présent et, de plus, cette exposition montre une seconde jeunesse avec une approche aussi forte que celle des débuts.

Le titre de cette exposition ne rappelle pas un projet entrepris il y a dix ans à Trafalgar Square, à Londres, où le public envoyait de courts messages textuels greffés sur un panache de fumée. Ce n'est pas non plus une allusion au stockage de données si répandu de nos jours dans le cloud. C’est une tentative de poésie qui réhabilite la mémoire d’instants partagés et dont les bribes se sont éparpillées çà et là, mais l’occasion est donnée de les rassembler pour une exposition.

À propos de l’artiste

Decebal Scriba (né en 1944) vit à Fontainebleau-Avon depuis 1991. C’est un artiste touchant à divers médias comme la photographie, l’installation, la performance et la vidéo, avec une activité soutenue dans la sphère de l’art conceptuel, avec laquelle il intègre aussi sa préoccupation du dessin. Avec Nadina Scriba, il a initié un projet de vidéo documentaire House pARTy, éditions 1 et 2, entre 1987 et 1988 à Bucarest.

En 2015 il monte sa première exposition personnelle au Victoria Art Center, Bucarest, suivi par sa deuxième, en 2016, à la galerie Calina à Timişoara, toutes les deux curatées par Olivia Nițiș. Il a contribué à l’exposition Situations and Concepts, curatée par Magda Radu, organisée en 2017 par le Projet Salon à Bucarest.

En 1974, conduit par l’absurde, Decebal Scriba a fait une performance insolite. Il marchait dans la rue, gardant ses mains à la forme d’un objet qui ressemblait à un cadeau et tentait de l’offrir virtuellement aux passants. Cette année-là, la performance avait atteint la plus grande perplexité puisque le public a réagi en pensant que c’était là une blague d’un étudiant facétieux les poussant dans un manège excentrique. La reproduction de cette performance pendant Art Encounters 2017 a mis l’interaction avec autrui dans un contexte tout à fait différent. Auparavant, c’était une histoire de confrontation, à un niveau personnel, une norme imposée par le régime politique en place. Cette fois-ci les performeurs volontaires ont servi de contrepoids, avec originalité, en contestation envers l’individualisme. Le public jouera certainement le jeu et acceptera cette création hybride, tout à la fois une sculpture virtuelle et une chorégraphie contemporaine, similaire à l’esthétique du do-it-yourself, mis-en-scène d’une manière comique.

À propos de la galerie

La galerie Anca Poterașu est une galerie d’art contemporain fondée en mai 2011 dans un bâtiment historique de la fin du 19ème siècle à Bucarest. Débutant avec seulement 20 m2 d’espace d’exposition dans un décor unique de début du siècle, la Galerie s’est depuis agrandie, et est devenue l’un des établissements les plus connus de la ville.

La galerie montre de l’art de médiums différents – peinture, dessin, objet, installation, photographie et vidéo. Elle se concentre principalement à présenter, soutenir, promouvoir et suivre la carrière d’artistes roumains – connus tel que Matei Bejenaru, Decebal Scriba, Doina Simionescu, la vidéaste Irina Botea, Nicu Ilfoveanu or Robert Koteles, Zoltan Bela et Aurora Kiraly, autant que des artistes émergents plus jeunes, comme Iulian Bisericaru, Daniel Djamo et Olivia Mihălțianu.

Le programme des expositions est centré autour d’une pratique curatoriale qui encourage les collaborations avec les professionnels du monde de l’art à travers le pays et le monde. Organisant entre cinq et sept expositions par an, le programme varie entre des expositions solos et de groupe du répertoire de la galerie ou d’artistes invités.

Le programme de résidence international – PLANTELOR 58 – a été initié en 2014 lors de l’agrandissement de l’espace d’exposition avec des quartiers de vie et de travail pour les artistes résidents. Avec une plateforme solide, la galerie Anca Poterasu vise à développer davantage la visibilité de ses artistes à l’international à travers une coopération avec d’autres galeries et institutions, en dehors de la Roumanie aussi bien qu’en continuation une participation continue dans des foires internationales.

Anca Poterașu Gallery