L'illusion est la première apparence de la vérité
Une exposition de Decebal Scriba
Sorbonne Artgallery, Paris, France — 1 juin-1 juillet 2022
Decebal Scriba est né en 1944 en Roumanie. Il vit et travaille à Fontainebleau-Avon. Artiste roumain, arrivé en France en 1991, Decebal Scriba s’est illustré au cours des années 70 et 80 comme une personnalité marquante de l’art contemporain. Ses productions sont désormais considérées comme révélatrices d’une avant-garde roumaine d’après-guerre. Grâce à un corpus cohérent élaboré à partir de médiums hétéroclites : photographie, installation, performance, art vidéo, l’artiste aborde à la fois l’art conceptuel et performatif, les questions de langage formel et textuel, la représentation spatiale ou encore la symbolique des gestes et des formes. Le signe est omniprésent dans son œuvre, renvoyant tant au langage manuscrit que corporel, mathématique ou encore cultuel. Il devient ainsi le support de réflexions philosophiques comme politiques, questionnant le rapport à autrui et à l’art.
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Dans les années 70 et 80 Decebal Scriba utilisait l’image comme une pièce à conviction d’un axiome conceptuel. Désormais horde envahissante, l’image omniprésente dans notre vie donne à la photographie une prodigieuse ubiquité et une place de choix dans les pratiques de tout un chacun. Traditionnellement envisagée comme la reproduction du réel, l’image photographique telle que pratiquée par l’artiste est aujourd’hui décomposée, recomposée, questionnée. Chez Decebal Scriba ce document du quotidien, n’est pas marqueur de réalité et non plus capture objective du monde. Elle est la chasse attendrie d’un détail ou d’un engrenage dont le regard lui a subtilement attribué force de symbole et de métaphore avec un quotient poétique indéniablement puissant.
Étant donné la configuration particulière de l’espace d’exposition l’artiste a tenu à ce que ses œuvres prennent place dans les alvéoles et panneaux qui scandent la galerie. Pour cette raison des mises en pages ont été réalisées, qui regroupent à chaque fois des images qui ont un dénominateur commun thématique. Ainsi nous retrouvons rassemblées trois images de différentes tâches d’usure d’un sol en béton dont le quotient d’abstraction lyrique est patent. Tout comme lors des balades en forêt l’appareil a saisi des branches dont la disposition semble faire partie d’une grammaire abstraite post land art. Des halos de lumière blanche sur des parois plongées dans la pénombre se révèlent des saisissantes auréoles boréales intimistes mais aussi les différents types de tâches de lumière diurne ou nocturne dont seule la caméra à le pouvoir de figer. Dans des intérieurs laissés en friche l’artiste s’est épris des signes de destruction et d’usure qui font état d’une logique esthétique totalement plasticienne. Des lignes, des croisements et des spirales dessinées sur le bitume au gré des chantiers sont pour Decebal Scriba des haikus visuel qui nous rap-pelle un lexique constructiviste. Au fil de ces montages nous nous rendons compte des desseins subjacents de l’artiste qui a été saisi dans son environne-ment ou ses pérégrinations de tous ces imprévus artistiques et visuels.
Curaté par Ami Barak