Ami
Barak

Eva Beresin - Le fantôme de la liberté
curateur Ami Barak

Charim Gallery @ 10 rue Charles-François Dupuis, 75003 Paris, 18 - 22 Octobre2023

One's trash is one's treasure - Eva Beresin, 2023, (220x290cm)

Dans ce mois d’octobre plein d’événements culturels et d’expositions, la galerie Charim Vienna nous fait l’agréable surprise d’introduire auprès du public parisien l’artiste viennoise Eva Beresin qui a fait, ces dernières années, une percée retentissante sur la scène contemporaine. 

Eva Beresin travaille depuis des décennies, mes ces derniers temps, elle a trouvé une façon très spontanée et unique de peindre. Confrontée à des fantômes qui appartiennent à un passé destructeur elle prend un plaisir, non dissimulé, à inventer ses toiles et à se peindre elle-même, car l'immédiateté de son geste, la liberté dans la composition du tableau et l’intensité des couleurs témoignent de cette joie. Dans ces œuvres, elle aborde la vie de tous les jours et fait preuve de licence et d'informalité d'une manière si libératrice que nous sommes nous-mêmes libérés de tout préjugé et nous basculons dans l’empathie.

Sauvagerie et tendresse se mêlent dans les nouvelles peintures qui dépeignent des versions d'elle-même et de sa famille dans des scènes où l'intensité visuelle et émotionnelle est à son comble. Les fantômes ont une présence assurément à la James Ensor. Des sculptures en béton émergeant de la matrice de ses peintures, comme si elles étaient extraites directement de ses toiles, elles se matérialisent comme une sorte de peinture tridimensionnelle et amplifient l'ambiance allégorique. Depuis 2015, la Galerie Charim représente Eva Beresin. La même année, la galerie a exposé la confrontation de l’artiste avec le journal intime de sa mère, écrit après la libération de celle-ci d'Auschwitz. Le livre "Quatre-vingt-dix-huit pages" a été publié par Verlag für moderne Kunst (première édition 2015). L’artiste-femme explore son corps et des personnages familiers, tout redevable au fardeau de la mémoire sans pour autant l'alourdir. Ses figures charnues et alluviales sont souvent à peine lisibles, parfois entassées dans des tas de corps qui suggèrent des charniers, un traumatisme hérité qui se répercute.